Deux ans après un premier dossier consacré au développement durable (n°590, novembre 2019), le développement durable en santé a amorcé sa transition.
Le lexique, tout d’abord, a évolué : nous parlons moins de développement durable que de transition ou de transformation écologique, voire de responsabilité sociale et environnementale des établissements (RSE). Qu’il s’agisse des projets, des directions, les termes changent et s’adaptent à une réalité qui peut faire apparaître le « développement » comme quelque chose de difficilement durable, en substituant à cette expression la sobriété.
Ensuite, les acteurs engagés dans le secteur de la santé se sont multipliés. Au Comité pour le développement durable en santé (C2DS), premier acteur associatif public/privé précurseur créé en 2007 par Olivier Toma, se sont progressivement ajoutés des acteurs institutionnels (FHF), l’expertise de think tank (The Shift Project, présidé par Jean-Marc Jancovici), de réseaux de pairs et d’experts (Anap) et de cabinets de conseil, l’apport de collectifs (CAUSE ou le CERES, regroupant plusieurs sociétés savantes sous la présidence du Pr Patrick Pessaux), de regroupements d’établissements (ADSNA, au niveau régional, cofondée par le Dr Noëlle Bernard et Bernard Jourdain ; Club Développement durable des établissements et entreprises publics accueillant les hôpitaux en leur sein ; centrales d’achats), le concours déterminant d’acteurs de formation (EHESP et la formation ChanCES lancée par Estelle Baurès et Laurie Marrauld, ou encore des diplômes d’université à Montpellier et Paris), le soutien encore timide des ARS et de l’Ademe ; et, bien sûr, les innombrables actions des établissements publics dont vous trouverez un échantillon dans ce dossier.
Cette myriade d’actions, d’idées et d’acteurs est stimulante pour qui s’intéresse au sujet ; le secteur de la santé se connecte et agit mais il manque de méthode et d’empressement. The Shift Project estime tout de même à 47 millions de tonnes équivalent CO2 les émissions du secteur de la santé, soit 8 % du total national.Â
Une grande conférence autour de la transition écologique du secteur de la santé, menée par les ministères chargés de la Santé et de la Transition écologique, apparaît nécessaire pour permettre à tous ces acteurs, en ajoutant les prestataires et fournisseurs que personne n’oublie, de s’exprimer à égalité et de s’engager sur les deux grands sujets autour de la RSE : les achats, représentant pour les seuls hôpitaux publics 25 milliards d’euros, ainsi que le soutien financier pour les projets et le temps humain.
La RSE est pluridisciplinaire, tous les acteurs et toutes les directions sont concernés, fédératrice, car mobilisatrice et portée par tous, attractive, pour les patients et les professionnels, et indispensable.
Les planètes semblent finalement s’aligner pour que le secteur de la santé prenne soin de la sienne, et donc de la nôtre.
Rudy Chouvel, Docteur en droit public, Responsable adjoint du pôle Offres, FHF