En ouverture du colloque, Guy Vallet mentionne le point de vue de la sociologue Dominique Schnapper. Dans son texte « En qui peut-on avoir confiance ? », extrait de la leçon inaugurale des xxves Rencontres de Pétrarque, est interrogé le lien de dépendance entre les individus dans l’accès au savoir, qui induit une confiance contrainte de chacun à l’égard de tous les savants et experts : « Nous dépendons plus que jamais étroitement des autres, de ceux qui maîtrisent la technique de nos ordinateurs et de notre déclaration fiscale, de ceux qui peuvent préciser nos droits à obtenir des aides ou des subventions, de ceux qui ont un avis fondé sur l’évolution du climat et sur le destin de la planète; alors que nous ne cessons d’affirmer notre irréductible individualité et notre droit absolu à l’autonomie intellectuelle. (1) » Ce paradoxe, mis en lumière dans la société française, pourtant qualifiée de « société de défiance » par deux économistes dans un ouvrage récent (2), conduit à s’interroger sur la nature de la confiance et son lien avec la performance. Ainsi, la « spirale de la confiance » évoquée par Guy Vallet demande du temps pour être construite mais peut disparaître en quelques secondes.Â
Comme l’ont rappelé Jérôme Alexandre et Raphaël Liogier, la notion de confiance est en effet un concept dynamique. Le terme « confiance » vient du latin cum fides, « avec foi ». La confiance est la faculté, pour une personne, de croire que les événements à venir ou les individus présents dans son environnement n’auront pas d’interaction défavorable ou, à tout le moins, que ces interactions n’auront pas un effet irréparable. Associant, selon le mot de saint Thomas d’Aquin, « l’espoir et la certitude », la confiance appartient à l’individu et renforce ses aptitudes, mais elle peut aussi le tromper et altérer la qualité de son jugement (la confiance dite « aveugle »). Cette ambivalence se manifeste par l’emploi du terme avec le verbe être comme avec le verbe avoir, inhabituel dans la langue française pour évoquer les sentiments. Car, tout comme le désir, la confiance nous appartient mais nous dépasse dans le même temps. Et c’est inévitable, car la confiance est un pari implicite : elle est éprouvée ou elle est trahie. Or, la confiance est une condition de la performance. Ce terme anglais vient de l’ancien français sous ...
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