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Numéro 495 - avril 2010(dossier)

Espace santé numérique

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Construire l’hôpital numérique

L’année 2010 va constituer un tournant pour la politique d’informatisation du système de santé. Après la réorganisation de la maîtrise d’ouvrage publique engagée en 2009 à travers la création de l’Agence des systèmes partagés de santé (ASIP Santé) et de l’Agence nationale d’appui à la performance hospitalière (Anap), la refondation de la gouvernance des systèmes d’information de santé va franchir dans les prochaines semaines une nouvelle étape. Le ministère va ainsi se doter des organes de pilotage stratégique qui lui ont fait cruellement défaut jusqu’alors. Un conseil des systèmes d’information de santé, présidé par le ministre chargé de la Santé, assistera le ministre dans la définition des orientations et des priorités nationales ; une délégation à la stratégie des systèmes d’information, placée auprès du secrétaire général des ministères chargés des Affaires sociales, instruira les travaux du conseil et sera chargée d’un rôle d’animation, de mise en cohérence, de prospective. Dans cette perspective, la modernisation et le développement du système d’information hospitalier constitueront une priorité nationale. Les systèmes d’information ne sont pas seulement un levier essentiel pour la performance de gestion et la transformation de l’organisation des soins au sein des établissements de santé ; ils sont également la condition du développement des processus d’échanges et de partage des données médicales (dossier médical personnel électronique, télémédecine…) propres à améliorer la qualité, la sécurité et l’efficience du système de soins dans son ensemble (réduction du nombre d’actes redondants et des hospitalisations évitables, amélioration des relations entre médecine hospitalière et médecine de ville). Sans système d’information hospitalier performant, les réformes engagées, notamment dans le cadre de la loi Hôpital, patients, santé, territoires (HPST), pour mieux réguler, mieux organiser les soins de premier recours, mieux assurer la continuité et la permanence des soins, mieux développer les organisations coopératives et les pratiques collaboratives, ne pourront produire leurs effets. Or, nous savons qu’en dépit de réussites remarquables, les systèmes d’information hospitaliers sont aujourd’hui insuffisamment diffusés, insuffisamment orientés vers le soin, insuffisamment communicants, insuffisamment sécurisés.

C’est pourquoi l’heure est venue de mettre en œuvre une véritable stratégie nationale à moyen terme pour assurer le développement et la modernisation des systèmes d’information hospitaliers. Le coup d’envoi de cette nouvelle politique publique a été donné le 14 avril dernier. Sous la présidence du directeur du cabinet de la ministre de la Santé et des Sports, s’est tenue la première réunion du comité stratégique du programme « Hôpital numérique », comité rassemblant notamment autour de la directrice générale de l’offre de soins les principaux décideurs publics et des représentants des différentes communautés hospitalières, publique, privée, de l’hospitalisation à domicile. Objectif : fixer des priorités d’action de nature à lever les freins structurels à l’informatisation et déterminer les moyens concrets pour les mettre en œuvre, en termes d’investissement, de méthode, d’organisation, d’accompagnement du changement, de ressources humaines. Les grandes lignes du plan d’action devront être soumises au futur conseil des systèmes d’information à l’automne. Mais l’action n’attend pas. Très prochainement, l’ASIP Santé lancera un appel à projets destiné à favoriser le déploiement de solutions industrielles et communicantes destinées à permettre aux établissements d’alimenter le dossier médical personnel (DMP) dès 2011.

L’ambition est élevée. Mais notre pays n’a plus le choix. Au-delà des objectifs, c’est dans notre capacité collective à conduire le changement et à mettre en œuvre des solutions concrètes, soutenables et durables que se mesurera le succès. Cela ne sera possible que si responsables ministériels, directeurs généraux d’ARS, managers hospitaliers, professionnels de santé parviennent à fédérer leurs compétences et leurs énergies autour d’une même vision, d’une même ambition, d’un même projet. Vive l’hôpital numérique !

Michel Gagneux
Président, ASIP Santé