Existe-t-il un « modèle parfait » qu’un établissement, un système de santé ou une nation peut simplement reproduire localement ? Au XIXe siècle, adapter les hôpitaux démontra la capacité de nos systèmes à maîtriser le progrès techno-scientifique. Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas de tripler la taille des structures ; pour les gestionnaires, les médecins et les ingénieurs, l’enjeu, c’est d’être capable de mieux soigner au meilleur coût et de reproduire des réponses organisationnelles valorisant les ressources économiques disponibles, de transformer leur savoir-faire en plus-value au service de la collectivité en veillant à la dignité des patients (1).
De plus, l’élargissement du périmètre de la santé à l’alimentation et à l’environnement est le catalyseur reconnu des changements. La compréhension des contraintes politiques, historiques, économiques, sanitaires et sociales, des apports technologiques (biotechnologies, technologies de l’information…), l’identification des points de blocages culturels, structurels et fonctionnels, ainsi que l’analyse des paramètres à la fois exogènes et endogènes de la mise en œuvre sont les éléments clés.
Cette évolution concerne l’ensemble des politiques de santé et de protection sociale. Dans cette perspective, l’analyse comparative renseigne moins sur la diversité des stratégies adoptées face aux performances attendues de santé publique qu’elle ne met en valeur la complexité des enjeux médicaux, sociaux, économiques, politiques et éthiques qui leur sont liés. Dans ce dossier de partage d’expériences, nous constatons les efforts permanents, les contraintes et les performances de nos collègues à appréhender et traiter la qualité et le risque tout en améliorant l’accès aux soins, la santé individuelle, collective et publique. L’effort d’innovation à la fois managérial, socio-économique et clinique ne rappelle-t-il pas nos réalités et nos ambitions ?
Établir la santé tout en innovant est une éthique professionnelle qui nous rassemble. Être à la fois « établissement » et « entreprise/réseau » est notre forme singulière de responsabilité sociale. Un modèle pour les entreprises des autres secteurs d’activité (2) ?
(1) H. Jonas, L’Art médical et la responsabilité humaine, éditions du Cerf, 2012.
(2) C. Morel, Les Décisions absurdes : comment les éviter, Gallimard, 2012.
