Numéro 588 - septembre 2019réflexion

essai

Pourquoi obéir ? (1/2)

Pourquoi obéir ? (1/2)

1/Discours managérial et consentement

La présente réflexion s’appuie sur une communication faite lors du séminaire annuel de la Société de philosophie des sciences de gestion, organisé cette année sur le thème : « Vérité du management et management de la vérité ». Via sa présentation « Transformations à l’hôpital : la raison du “réel” est toujours la plus forte » – qu’il aurait pu également intituler « Ce que les managers nous racontent est-il vrai ? » ou « Comment motiver son discours et pourquoi obéir ? » –, Frédéric Spinhirny a choisi sobrement de répondre à une question délicate en management, celle du consentement, de l’obéissance, des arguments qui engagent une motivation de plus en plus difficile à trouver. Car de nombreuses théories interrogent les conditions de la « fabrique du consentement », à l’heure de la baisse d’attention, de la liquidité de l’engagement professionnel, de la volatilité de la présence au travail, des contre-vérités de toute sorte… In fine, son ultime perspective est bien celle de définir un management propre à l’hôpital, une pratique managériale ancrée dans notre époque, capable d’assurer la cohésion et la permanence de la communauté hospitalière. A été conservé dans cette transcription le style plus libre de l’expression orale.

Le discours de celui qui décide est-il toujours le meilleur ? Dans notre communication initiale, « Transformations à l’hôpital : la raison du “réel” est toujours la plus forte », il nous apparaissait central de traiter de la notion de réel et de vérité, qui n’a pas ici forcément le sens que peut lui donner la psychanalyse lacanienne, mais bien de ce qu’on entend communément par « réalité », parfois « la vraie vie ». Pour introduire notre propos donc, on se rappellera que dans Le Loup et l’Agneau, la fameuse fable de La Fontaine, il est démontré que c’est la raison du plus fort qui est toujours la meilleure : le loup emporte et mange l’agneau sans autre forme de procès. Bien entendu, il s’agit ici d’une dialectique entre la raison du plus fort (le loup) et la force de la raison (l’agneau). Il s’agit d’imposer un argument ou un rapport de force. Ce n’est évidemment pas la raison du plus fort qui l’emporte mais simplement la force seule, sous le masque de la raison. La force cherche des arguments pour prendre le pas sur les raisons de l’agneau mais, en échouant, elle se révèle comme simple puissance n’ayant ...

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