Le philosophe grec Euboulidès (4e siècle av. J.-C.), proposait des paradoxes, dont celui d’Electre : Electre sait qu’elle a un frère, Oreste, mais quand elle est devant lui, elle ne le reconnaît pas. Jusqu’à ce que – chez Euripide – elle le reconnaisse grâce à un signe, une cicatrice sur le front. Il n’y a pas de reconnaissance sans signes.
Les langues sont faites de signes. Le fait de partager les mêmes signes permet la reconnaissance de ce que nous appelons « langue » et qui dépend de l’imbrication de signes de natures différentes : sons, formes, mots. De manière plus large, la réflexion à propos des signes connaît une longue histoire. Umberto Eco nous en propose une belle synthèse(1). Il dénombre trois types fondamentaux : l’index, l’icône et le symbole. Le premier ne porte pas en soi l’intention de véhiculer des contenus ; par exemple, une flaque d’eau n’a aucune intention de signifier l’existence d’une éventuelle fuite d’eau. Le deuxième ne peut véhiculer comme contenu que ce qu’il représente ; ainsi l’image d’un téléphone ne peut-elle indiquer qu’un téléphone. Et le troisième n’est que le fruit d’un accord entre ceux qui l’utilisent, comme par exemple un symbole mathématique ou un mot. Ce qui importe à ce stade est que ce soient des éléments que l’on partage parce qu’on les reconnaît. Et on les reconnaît parce qu’on les partage. La langue est un système de signes dont les significations sont régulées par les utilisateurs ; c’est ce ...
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