S’il est un sujet sur lequel les seuls arguments employés devraient relever de la science économique, voire des théories managériales, c’est bien l’externalisation à l’hôpital. Or, le titre de cet article fait appel à la politique et à la psychiatrie. Spécificité française ? Sans nul doute puisqu’elle ne reflète pas seulement le goût de l’analyse d’un observateur attentif mais qu’elle s’ancre dans la pratique et dans l’expérience d’un régulateur, d’un hospitalier et d’un consultant. Faire ou ne pas faire – pour traduire en termes presque shakespeariens le dilemme du dirigeant d’un établissement de santé – est une décision qui s’inscrit dans une lente évolution, qui relève d’un choix rationnel, mais pas seulement, tant la situation de chaque hôpital à chaque époque peut peser. L’externalisation est-elle à la veille d’une extension considérable ou au contraire vouée à rester marginale ? L’analyse oblige à une réponse prudente mais surtout contrastée.
Une histoire marquée par l’autarcie Point n’est besoin de fouiller l’histoire hospitalière pour caractériser d’autarcique la vie des hospices et donc de n’y receler aucune trace d’approvisionnement extérieur jusqu’à une date récente. Il faut y voir à la fois : la fonction même de l’hôpital, le grand enfermement, défini par Michel Foucault, qui soustrait au regard le malade et la maladie par souci de préserver l’harmonie sociale, de cantonner l’infection à défaut de la soigner ; la nécessité économique, qui consiste essentiellement à nourrir les pensionnaires et le personnel, et qui nécessite donc une production agricole internalisée ou très proche. Les seules entrées externes sont financières, sous forme de dons, par des mécènes qui pensent ainsi se ménager le Ciel, ou de legs de terres agricoles qui contribuent à constituer un patrimoine, destiné principalement à nourrir, à abreuver, à chauffer. Cette empreinte de l’histoire ne se retrouve pas seulement à l’époque moderne dans les comptes de résultat des centres hospitaliers sous la rubrique DNA (dotations non affectées) et ne sert pas non plus seulement à ...
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