De l’effet Pygmalion à l’éloge des frontières
Les articles de ce numéro s’attachent à illustrer la dynamique de la mutualisation, du décloisonnement, des communautés, du big bang territorial, de la fusion d’équipe, du travail coopératif… Cette évolution souhaitée et présentée comme indispensable sur le chemin de l’efficience doit permettre de réduire la non-qualité et les surcoûts nés d’organisations en silos et de métiers normés qui ont été la caractéristique poussée à l’extrême des dernières décennies. Plateaux techniques partagés, salles hybrides, objets connectés, chirurgie ambulatoire, circuits repensés des urgences, information des patients, parcours de soins sont autant de défis qui fondent cette « déterritorialisation » de l’hôpital. À l’image de la société, l’hôpital est entré dans le village global et le monde sans frontières, les médecins français en ayant été d’ailleurs les hérauts avant-gardistes avec l’invention des médecins sans frontières et du devoir d’ingérence. Pourtant, derrière cette apparente globalité, réapparaissent de nouvelles frontières nécessaires à la cohésion, à la dynamique du groupe. Il ne faut donc pas, au nom de la modernité et de la capacité à naviguer et à échanger sans limite, rejeter pour autant les limites. Entre le dogme destructeur de l’intangibilité des frontières et le « wishfull thinking » d’un monde ouvert, il y a place pour la créativité.
Pour en savoir plus : Régis Debray, Éloge des frontières, Gallimard, 2010 ; « Frontières », Revue Médium, n° 24-25, juillet-décembre 2010.