Les soignants sont deux fois plus nombreux que la population générale à subir des incivilités et des violences physiques ou verbales au travail, indique le rapport sur les violences à l’encontre des professionnels de santé du Dr Masseron et de Nathalie Nion, sur la base d’une étude réalisée début 2023. Les chiffres du Service statistique ministériel de la sécurité intérieure montrent aussi une augmentation des violences dans la population générale entre 2021 et 2022 : +15 % de coups et blessures volontaires et +11 % de violences sexuelles. Le phénomène touche de nombreux secteurs de la société (éducation…), mais la santé a longtemps fait figure de sanctuaire, épargné parce qu’il répare les corps quel que soit le statut de la personne. Cette période semble malheureusement terminée.
Effets décalés de la pandémie de Covid, de ses angoisses et de ses enfermements ? Recul du respect pour les professionnels de soins et le corps médical comme à l’égard d’autres autorités instituées ? Amélioration sensible du recueil des statistiques traduisant une prise de conscience au caractère anormal de ces violences ? Phénomène social global, voire mondial, de montée des tensions ? Un ensemble de facteurs peut expliquer le sentiment diffus d’insécurité ressenti par un nombre croissant de soignants. Mais il y a une réalité, recensée par l’Observatoire national des violences en santé (ONVS) : chaque année, près de 20 000 signalements de violences sont déposés, essentiellement pour atteinte aux personnes (le reste pour atteinte aux biens). Or, comme le soulignent le Dr Masseron et Nathalie Nion, les conséquences de ces violences sont majeures pour les professionnels : elles représentent « un traumatisme à l’échelle d’une victime » et « marquent les esprits à l’échelle d’une communauté de soignants ». Les pouvoirs publics en ont pris conscience et créé un Observatoire des violences (rebaptisé ONVS ...
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