Nous sommes à une époque qui a la particularité de vous renvoyer le sentiment d’être un vieux con à 43 ans. Si vous n’êtes pas un adepte des substantifs en « ant » (structurant, innovant, impactant…), vous n’êtes qu’un être dépassé, un vieillard inutile. Pour vous rassurer, vous pouvez imprimer et placer bien en vue dans votre bureau l’aphorisme d’Ernest Renan : « Les vrais hommes de progrès sont ceux qui ont pour point de départ un respect profond du passé. Tout ce que nous faisons, tout ce que nous sommes est l’aboutissement d’un travail séculaire. Pour moi, je ne suis jamais plus ferme en ma foi libérale que quand je songe aux miracles de la foi antique, ni plus ardent au travail de l’avenir que quand je suis resté des heures à écouter sonner les cloches de la vallée d’Is.(1) » Si cette lecture sage et apaisante ne suffit pas, si le souvenir qu’Ernest Renan, par sa conférence « Qu’est-ce qu’une nation », avait pu démontrer, ô combien, qu’il était un homme d’avenir ne vous soulage plus, vous êtes, par l’attitude de certains, en situation de stress. Vous êtes victime d’un risque psychosocial.
Après vingt-trois ans dans ou à côté de la fonction publique hospitalière et quatorze à tendre à devenir formateur ou consultant, je pense avoir suffisamment de recul et de légitimité pour affirmer que les agents des directions des ressources humaines médicales et non médicales souffrent eux aussi de risque psychosocial et qu’ils sont les oubliés de cette thématique. Notre époque, toujours elle, aime restructurer et réorganiser. Il arrive que le manageur moderne considère que ce qui ne s’adapte pas à sa pensée et à son fonctionnement nécessite d’être bousculé ; que la vie du service ou de la structure dans laquelle il arrive n’est pas assez « in », pas assez dans le coup. Et qu’une décision de restructuration ou de réorganisation suffira. Comme généralement il ne restera pas cinq ans en poste pour accompagner ses décisions, il n’en verra pas les effets, et pourra ainsi se gargariser de sa réussite. Qu’il soit le troisième en quatre ans à réécrire la partition ne semble pas lui poser de difficultés. L’orchestre n’aura qu’à suivre… Je ne peux lister le nombre de fois où j’ai vu des agents pleurer, où j’ai ...
Identifiez-vous ou créez un compte si vous ne l'avez pas encore fait. Cela vous permet de :
- Lire la suite des articles gratuits (marqués d'une puce verte).
- Lire la suite des articles payants (marqués d'une puce rouge).
Pour les abonnés, pensez à bien renseigner dans votre profil votre numéro d'abonné pour activer la lecture des articles payants.