La sortie de la religion, c’est le passage dans un monde où les religions continuent d’exister, mais à l’intérieur d’une forme politique et d’un ordre collectif qu’elles ne déterminent plus (1). La sortie de la religion, c’est au plus profond la transmutation de l’ancien élément religieux en autre chose que de la religion.
Les notions de « laïcisation » et de « sécularisation »sont d’origine ecclésiale. Elles sortent de l’effort de l’institution pour se définir par contraste. Elles désignent ce qui n’est pas de l’Église ou ce qui sort de sa juridiction. D’où une grave limitation de principe : elles n’évoquent qu’une simple autonomisation du monde humain par rapport à l’emprise législatrice du religieux. Or, c’est beaucoup plus et autre chose qui se joue : une recomposition d’ensemble du monde humain par réabsorption, refonte et réélaboration de ce qui revêtit en lui, des millénaires durant, le visage de l’altérité religieuse. Une capacité explicative ou compréhensive dans les deux catégories, dont on ne conteste pas leur pertinence descriptive. Pourtant, elles passent à côté du fond de ce phénomène qui fait l’originalité de notre monde. Elles ont leur emploi à leur niveau ; elles n’épuisent pas le problème, c’est tout ! Nous avons affaire, à l’échelle des derniers siècles, au basculement de domination du religieux. Désormais, l’ordre politique n’est pas déterminé d’avance par la religion, l’ordre politique n’est pas ...
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