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Numéro 565 - avril 2017(dossier)

La sécurité à l’hôpital

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L’article 2 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 proclame : « Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l’oppression. » Si cette notion de sûreté, attachée à la prévention des actes volontaires de malveillance, se distingue théoriquement de celle de sécurité qui concerne les accidents involontaires, un débat plus large demeure aujourd’hui : quel équilibre entre sécurité et liberté ?

En 1980, le garde des Sceaux Alain Peyrefitte l’affirme à de nombreuses reprises, lors de l’examen de son projet « Sécurité et liberté » : « La sécurité est la première des libertés. » Ce à quoi Pierre Mauroy répondra en 1981 : « La droite dit : la première liberté, c’est la sécurité. Nous disons au contraire : la première sécurité, c’est la liberté. » Il est délicat de trancher ce débat sans prendre parti pour telle ou telle conception anthropologique ou bien sans choisir un modèle de société plus ou moins sous contrôle. Il faut simplement constater que la sécurité prend une ampleur inédite, dans les établissements de santé de surcroît. L’hôpital est une société du risque, un lieu de forte exposition ; ses nombreuses activités concentrent des potentialités de menaces auxquelles le personnel doit faire face. Mais comment informer correctement sans terroriser ? Comment former sans freiner les innovations ou provoquer des discriminations ?

Notre dossier se concentre sur les types de risques émergents qui mobilisent de plus en plus les moyens des hôpitaux : violences, risques liés au soin et menaces informatiques. L’hôpital n’est plus un sanctuaire, il ne bénéficie plus d’une protection naturelle de par sa vocation soignante. Nous sommes désormais à l’ère de la vigilance et du partage d’informations sensibles. Mais opérer cette révolution culturelle ne va pas de soi. Et pointe un nouveau risque associé à cette posture d’hypervigilance permanente : la fatigue d’attention, l’épuisement informationnel… et donc la baisse de vigilance.