Qualité, innovation, pertinence
Les articles de ce dossier illustrent les efforts constants d’amélioration des organisations de santé. La course à la performance, souvent réduite à sa définition financière, se traduit par l’optimisation des recettes et la réduction des coûts. Les établissements de santé, publics comme privés, sont engagés dans cette spirale qui peut être destructrice si la performance n’est analysée que dans le très court terme et déterminée uniquement par la compensation de la baisse des tarifs des activités et l’amputation à priori des économies attendues (910 millions sur trois ans par exemple sur les achats du plan Phare). Il est nécessaire d’intégrer dans cette recherche de l’efficience qualité, sécurité, innovation, pertinence, responsabilité sociale et environnementale, et d’établir des indicateurs permettant d’évaluer et de comparer. Quelques initiatives vont dans ce sens, sans toutefois encore rivaliser avec les démarches de paiement à la qualité engagées par exemple aux États-Unis avec le programme Hospital Value-based Purchasing.
Comment juger de la performance des établissements ?
Les établissements privés accusent depuis des années les établissements publics d’être plus coûteux, voire d’être les fossoyeurs de l’équilibre des comptes de l’Assurance Maladie. La lettre n° 15 de la chaire santé de l’université de Paris-Dauphine attire notre attention sur les travaux de B. Dormont et C. Milcent qui montrent que les performances « doivent être interprétées à la lumière des différences des cahiers des charges encadrant les activités des hôpitaux publics et privés. Une décomposition finale montre que la plus faible productivité des hôpitaux publics s’explique principalement par leur taille, la composition de leur patientèle et celle de leurs séjours, caractérisée par une faible proportion de séjours chirurgicaux. Elle ne s’explique pas par une moindre efficience des hôpitaux publics* ».
Depuis plusieurs années, la presse publie des palmarès des hôpitaux et des cliniques qui permettraient de sélectionner les meilleurs établissements de soins en France. Pour établir ces classements, la presse s’appuie sur les volumes d’activité garants d’expertise à partir des dernières données officielles disponibles (www.atih.sante.fr), des scores en matière de lutte contre les infections nosocomiales (www.sante.gouv.fr), de qualité et de sécurité des soins établis (www.has-sante.fr). Mutuelles et assurances s’engagent elles aussi dans ces analyses, comme le site ComparHospit, en intégrant les avis des patients assurés ou adhérents. Enfin, la HAS lance en cette fin 2013 un site Internet, Scope Santé, dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par la loi de financement de la sécurité sociale 2012, dédié à l’information des usagers sur la qualité des prises en charge dans les établissements de santé. Ce site remplacera Platines et fournira au grand public une information dynamique à partir des données publiques disponibles sur la qualité dans les hôpitaux et les cliniques.
* « Comment évaluer la productivité et l’efficacité des hôpitaux publics et privés en France ? Les enjeux de la convergence tarifaire », Cahiers de la chaire santé n°15, Économie et statistique, mai 2013. www.insee.fr