Deux ans après le lancement du « choc de simplification » par le président de la République, Thierry Mandon, secrétaire d’État à la Réforme de l’État et à la Simplification, a annoncé en juin dernier une centaine de mesures destinées à « rendre les procédures plus fluides entre l’administration et les citoyens ou les entreprises ». En coulisses, l’enjeu est également de réduire la structure administrative pour baisser les charges de personnel de l’État et « libérer les initiatives ». De nombreuses innovations passent donc par la dématérialisation des formulaires ou l’échange en ligne avec l’e-administration (1). Sur l’objectif de 11 milliards d’euros d’économies programmé d’ici à 2016, pas moins de 3,3 milliards auraient déjà été atteints. Mais au-delà des gains attendus, ce qui importe, ce n’est pas tant réduire les normes que leur donner de la matière. Nous avançons ici une thèse : le formalisme de l’administration française est aussi un phénomène esthétique…
L’administration annonce dorénavant qu’elle se simplifie pour vous. Trois cents mesures concernant la vie des usagers et des entreprises sont cataloguées avec un suivi de leur mise en œuvre. Dans le domaine de la santé et du social, trente-huit mesures visent à « faciliter l’accès aux prestations des organismes sociaux et de santé ». Encore une fois, à bien y regarder, la majorité des mesures s’engagent dans la numérisation des formalités administratives : suivre en ligne chaque étape de son arrêt de travail, obtenir sa carte européenne d’assurance maladie sur son smartphone, demander en ligne sa carte Vitale, payer en ligne ses frais hospitaliers, etc. Bien entendu, toute facilité d’accès à l’administration doit être saluée dans un environnement où la complexité s’accroît paradoxalement à mesure que le mot d’ordre de la simplification s’amplifie. Mais en étant la seule à proférer sa simplification, l’administration redouble ce préjugé désormais bien connu que la bureaucratie est indéfectiblement liée à la puissance publique. Or, la bureaucratie tant décriée provient de la culture de l’audit et de la multiplication ...
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