La bientraitance – néologisme submergeant les champs sanitaire et médico-social à partir des années 1990 et qui s’orthographie alors « bien-traitance » – devient le référentiel qualité majeur d’une nouvelle culture managériale. Assistons-nous à une démarche d’évaluation des pratiques professionnelles ou à leur régulation ? Ce questionnement s’inscrit dans un travail de recherche universitaire et se base de manière pratique sur les observations de l’auteur menées au sein du groupe de travail Éthique et bientraitance de l’hôpital Necker-Enfants malades.
Concevant la philosophie comme une appréhension singulière du réel, il sera essentiel de la convoquer pour questionner le terme « bientraitance ». La philosophie est un outil fondamental pour mettre à l’épreuve notre langage afin de toujours mieux énoncer et, par là même, de comprendre. Il semble important voire nécessaire de devoir questionner ce mot, ce qu’il évoque et ce qu’il provoque, en épuisant ses potentialités avec toute la phronêsis aristotélicienne, au sens de prudence conçue dans sa dimension de vertu philosophique. Interroger ce mot et sa mutation impliquera d’essayer de sonder les profondeurs de ce que cela implique « par-delà le voile des besoins et du langage (1) ». Origine symbolique Genèse d’un néologisme Le terme « bien-traitance » émerge au sein du comité de pilotage de l’opération Pouponnière dont la mission, atypique, s’initie en 1977 : Simone Veil, alors ministre de la Santé, est alertée par une recherche-action effectuée par Janine Lévy et Danielle Rapoport dans une pouponnière extrêmement déficiente de l’aide sociale à l’enfance, Saint-Vincent-de-Paul à Paris entre 1972 et ...
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