La nécessité des réformes ne doit pas conduire à sous-estimer les enjeux de long terme, même si ceux-ci se laissent appréhender par les chiffres de façon incomplète. Si on sait en effet mesurer ce qui entre dans le système – les coûts –, on peine à mesurer ce qui en sort – un « certain niveau de santé », c’est-à -dire une production essentiellement immatérielle. Il existe bien des indicateurs généraux – espérance de vie, mortalité/morbidité infantile… –, mais la « performance » du système de santé n’est qu’un déterminant parmi d’autres du niveau de ces indicateurs : qualité de l’alimentation, taux de chômage, virulence des épidémies, autant de paramètres à prendre en compte et qui complexifient la mesure du rendement du système de santé. Et si les chiffres ne rendent justice ni aux hôpitaux ni aux autres acteurs du système de santé publique, il faut œuvrer pour qu’ils reflètent la réalité. C’est, entre autres, le rôle de l’Agence du patrimoine immatériel de l’État (Apie), et c’est précisément sa mission que d’attirer l’attention des responsables sur les actifs immatériels que détiennent ou produisent l’administration et ses ramifications. Créée en 2007, l’Apie n’a pas encore investi le domaine de la santé et des établissements hospitaliers, si ce n’est de façon marginale. L’auteur trace ici quelques perspectives dans ce champ d’action, espérant qu’elles rencontrent un écho auprès de ceux qui se préoccupent de gestion hospitalière…
La gestion des actifs immatériels a depuis quelques années été identifiée comme un sujet de première importance pour le système économique. Au niveau macro-économique, les travaux de la commission pour la mesure de la croissance, dite « commission Sen-Stiglitz », du nom des deux prix Nobel l’ayant présidée, ont encore récemment montré à quel point les mesures actuelles étaient insuffisantes pour rendre compte de la qualité d’un système économique et social. Le PIB, c’est devenu une évidence de le rappeler, ne tient compte ni du bonheur perçu, ni du niveau d’éducation et de culture, ni du niveau de santé d’un pays. Il ne mesure que le matériel quand l’immatériel est devenu le moteur des économies développées. Au niveau micro-économique, c’est-à -dire au niveau des entreprises, on s’est rendu compte depuis longtemps que les actifs produisant le plus de valeur n’étaient pas les équipements ni les industries, mais bien les savoir-faire, les innovations, les marques et les réputations ou la capacité à faire circuler rapidement l’information. Une commission pour l’économie de l’immatériel, mise en place en 2006 par Thierry ...
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