Face aux questions de sens qui agitent le monde de la santé, le Grand Hôpital de Charleroi, en Belgique, invente un nouveau métier : philosophe hospitalier. À destination des membres du personnel, ce nouvel acteur a pour mission d’accueillir et de susciter les questionnements dans l’institution. Son travail ne consiste pas à fournir des réponses pré-pensées, depuis une estrade ou à l’abri d’un bureau, mais à favoriser la pensée par les pratiques de dialogue. Après bientôt deux ans d’activité, l’auteur rend compte de cette initiative encore balbutiante mais pleine de promesses et vouée, peut-être, à faire tache d’huile.
Pourquoi engager un philosophe  ? Les sources En février 2022, alors que le Covid-19 connaît sa cinquième propagation et que le secteur de la santé est en difficulté, le Grand Hôpital de Charleroi, en Belgique, publie une offre d’emploi atypique. Il cherche à recruter, étrangement, un « philosophe hospitalier ». L’annonce est relayée par la presse et suscite la curiosité. Que vient donc faire un(1) philosophe, que l’on imagine bien souvent « déconnecté » du réel, sur le terrain du soin ? L’histoire raconte que l’idée a surgi entre deux portes, à l’occasion d’une discussion entre la directrice du département infirmier et le directeur général. Alors qu’ils échangeaient sur les difficultés du personnel et la meilleure manière d’y faire face, voilà que le rôle du questionnement philosophique s’invite dans la réflexion. Tout à la fois intrigué et méfiant vis-à -vis de cette offre d’emploi, c’est dans ce contexte particulier que nous avons postulé et, à la suite d’un processus de recrutement, que notre candidature a été retenue(2). Nous chercherons ici à esquisser un cadre pour la « philosophie ...
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