Philosophe, Corine Pelluchon est maître de conférences habilité, actuellement à l’université de Poitiers. Spécialiste de philosophie politique et d’éthique appliquée (bioéthique, éthique environnementale et éthique animale), elle est l’auteur de Leo Strauss : une autre raison, d’autres lumières, en 2005, de L’Autonomie brisée. Bioéthique et philosophie, en 2009, de La Raison du sensible. Entretiens autour de la bioéthique, en 2009 également, et prochainement d’Éléments pour une éthique de la vulnérabilité. Les hommes, les animaux, la nature.
Que nous dit la philosophie sur la vieillesse ? Il y a deux choses. D’abord la différence entre la vieillesse et le vieillissement. Le vieillissement, c’est l’expérience de la passivité, de la « temporalisation » pour reprendre le mot de Levinas ; le temps passe mais je n’en ai pas l’initiative. Dans De l’existence à l’existant, il dit que « le vieillissement est un effort de présent dans un retard sur le présent ». Le vieillissement touche tout être vivant alors que la vieillesse est plutôt l’idée que je suis vieux. C’est ce moment où je découvre que je suis vieux et c’est un « irréalisable », comme dit Sartre : je ne m’en rends pas totalement compte par moi-même ou directement, et ce n’est pas le déclin physique, intellectuel qui est la cause de ce sentiment d’être vieux mais c’est le regard social. C’est une crise d’identité qui est vécue comme une disqualification, je me sens mis de côté, exclu, dans le métro on commence à me laisser la place parce que je suis âgé… La vieillesse, c’est donc vraiment un regard social. Le vieillissement, c’est plus le fait biologique. Ce que la philosophie peut dire sur la ...
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