Au centre de ces deux livres, une même réalité vue par des acteurs différents. Le même constat quant au sort réservé à la vieillesse, pudiquement renommée « grand âge ». Une fille nous parle de sa mère, une journaliste devient dame de compagnie le temps d’une enquête. Marie-Sabine Roger raconte sans fausse pudeur la part de culpabilité des enfants à placer un parent en Ehpad, la projection de notre propre futur, le rythme des soignants, le deuil d’un parent… Les livres de témoignage personnel sont rarement réussis ; ils exposent un vécu propre à l’auteur, s’écartant ainsi de toute littérature. Il faut ici tout le talent de l’autrice pour en faire un texte littéraire et poétique. C’est toute la force des écrivains que celle de nous alerter sur l’urgence d’une situation sociétale au détour de simples phrases. « Très vite, tu as cessé de répondre au téléphone. Il faut dire qu’il était placé de façon si malcommode sur la table de chevet qu’il t’était impossible de l’attraper toute seule lorsque tu étais dans ton lit. Les dames de service n’avaient pas toujours le temps de venir le décrocher pour toi. ...