En 1755, dans son « Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes », Jean-Jacques Rousseau tenait les propos suivants : « Je conçois, dans l’espèce humaine, deux sortes d’inégalités : l’une, que j’appelle naturelle ou physique, parce qu’elle est établie par la nature, et qui consiste dans la différence des âges, de la santé, des forces du corps et des qualités de l’esprit ou de l’âme ; l’autre, qu’on peut appeler inégalité morale ou politique, parce qu’elle dépend d’une sorte de convention, et qu’elle est établie, ou du moins autorisée par le consentement des hommes. Celle-ci consiste dans les différents privilèges dont quelques-uns jouissent au préjudice des autres, comme d’être plus riches, plus honorés, plus puissants qu’eux, ou même de s’en faire obéir ». Cette vision de l’inégalité nous renvoie à la gestion de nos établissements hospitaliers, et en particulier à celle des ressources humaines soignantes qui se doivent de répartir les moyens entre les différentes unités de soins. Dès lors, il est nécessaire de s’assurer que ces ressources sont affectées avec justesse et équité dans les secteurs en fonction de l’objectivation de la réalité du besoin.
Le contexte du monde hospitalier est en perpétuelle évolution, et l’on entend qu’il est en souffrance… À tout le moins n’en a-t-on jamais autant entendu parler ! Les raisons de cette souffrance exprimées sont la résultante d’un triple faisceau d’injonctions souvent contradictoires et qui rendent difficile et complexe la correspondance entre l’exercice de l’art de soigner avec les valeurs propres à chaque individu : l’évolution sociale et sociétale qui s’accélère à l’infini, en particulier depuis l’avènement des « 35 heures », occasionne des exigences de plus en plus fortes de la part des professionnels, dans le soin comme ailleurs. La fameuse « vocation » encore motrice dans le choix d’une carrière en santé il y a une trentaine d’années semble aujourd’hui bien oubliée. Un changement de paradigme est observé, avec pour résultante l’exigence des professionnels que leur vie privée soit, sinon prioritaire, au moins aussi importante que leur vie professionnelle : les horaires doivent être stables, les changements de dernière heure semblent aujourd’hui insupportables, sans parler des rappels sur repos, et le ...
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