La notion de « performance » s’impose de manière croissante dans le secteur sanitaire. Souvent mise en scène comme un tout cohérent, la performance est pourtant une notion pluridimensionnelle, sédimentée dans des instruments de gestion ou de management divers, conçus, déployés et appropriés par des acteurs fort différents. Alors que certains de ces « outils de la performance » affichent des objectifs d’efficience économique, d’autres sont élaborés pour être les vecteurs de la qualité et de la sécurité des soins. Dans quelle mesure ces différentes injonctions à l’« efficience économique » et à la « qualité des soins » sont-elles contradictoires ou cohérentes à l’intérieur des établissements ? L’auteur propose ici de contribuer à cette question à partir d’une analyse de sociologie des organisations, qui repose sur une enquête comparative dans deux établissements de santé français.
La notion de « performance » est au cœur des grandes évolutions qui transforment la médecine et son organisation. Cette quête de performance a d’abord pris la forme, dans les années 1980, d’un mouvement de normalisation à travers l’essor d’une « médecine des preuves » dont les savoirs et les pratiques sont élaborés et évalués selon des procédures davantage formalisées (1), collégiales (2) et associant de manière croissante les patients (3). La performance en question C’est également cette quête de performance qui s’est incarnée dans la série de réformes des années 1990 et 2000, visant à maîtriser les dépenses de santé (4), notamment par le déploiement de dispositifs gestionnaires fortement inspirés de techniques de gestion des entreprises privées, et participant au vaste ensemble doctrinal du new public management déployé dans le secteur sanitaire (5). La notion de performance s’est ainsi imposée comme un impératif auprès d’une large gamme d’acteurs de la santé. Fortement investie par les pouvoirs publics qui en ont fait un leitmotiv de leurs discours, mobilisée de manière croissante par les gestionnaires des ...
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