Sous le titre « L’hôpital au rapport », Gestions hospitalières consacre à nouveau un numéro aux rapports publiés dans l’année traitant des questions hospitalières et de santé. Il n’est pas question ici d’être exhaustif tant la production de rapports est importante. L’année 2017 n’a pas dérogé à la tradition. Il y a bien sûr rapport et rapport. Nombreux sont ceux des institutions (rapports d’activité), des commissions et missions diverses. Certains sont attendus, comme ceux de la Cour des comptes ou de France Stratégie, et l’État et ses opérateurs (agences, observatoires…) continuent à multiplier les sources de production. Professionnels, industriels, ordres apportent leurs contributions. Les échéances électorales sont aussi l’occasion d’une expression foisonnante destinée à alimenter les programmes et à construire les promesses. Les think tanks s’en donnent à cœur joie, bien que seulement 16 think tanks parmi les 53 labellisés par l’Observatoire européen aient le grade A en production, ce qui revient à dire que les deux tiers des groupes de réflexion français ont encore une production écrite quantitativement jugée trop faible au regard du positionnement de ces organisations.
Les rapports sont souvent excellents et offrent des propositions pertinentes ; pas toujours innovants, ils reviennent sur des constats itératifs qui font consensus. On peut alors s’interroger sur leur utilité. Nul doute qu’ils constituent des éléments de gouvernance et de management tantôt pour freiner, empêcher, tantôt pour avancer, faire évoluer l’opinion, émousser les résistances. Ils sont aussi constitutifs de la procrastination qui caractérise l’action publique. Souhaitons que la volonté affichée de réforme et de prise de décision se traduise par la production de rapports moins nombreux, plus concis et opérationnels. Un récent rapport, encore un, du think tank Terra Nova plaide d’ailleurs pour la création d’une delivery unit : une instance qui s’assure que les promesses de campagne soient effectivement déclinées.
Gestions hospitalières a fait le choix d’un éclairage porté sur quelques rapports. L’actualité récente aurait pu conduire à porter un regard attentif sur deux autres publications :
• le copieux rapport (287 pages) de fin novembre 2017 de la Cour des comptes sur l’avenir de l’assurance maladie, sous-titré « Assurer l’efficience des dépenses, responsabiliser les acteurs », qui formule 17 recommandations centrées sur sept enjeux principaux : rénover le cadre du pilotage financier de l’assurance maladie ; réorganiser l’assurance maladie ; rendre l’accès aux soins plus équitable ; mieux organiser le système de soins pour l’adapter aux besoins des patients ; assurer dans tous les domaines la qualité et la sécurité des soins ; inciter à une utilisation optimale des moyens de l’assurance maladie ; réunifier et renforcer le pilotage du système de santé* ;
• le rapport de Terra Nova** dont l’idée directrice est de proposer une réflexion sur les politiques publiques à mettre en Å“uvre pour faire émerger une véritable stratégie française de santé en intelligence artificielle, et ainsi permettre la transformation du secteur médical à moyen et long termes dans les meilleures conditions en attendant, en janvier  2018, les conclusions de la commande faite au désormais député Cédric Villani sur l’intelligence artificielle en vue d’éclairer le gouvernement.
* « L’avenir de l’assurance maladie », novembre 2017 – www.ccomptes.fr
** L. Pierron, A. Evennou, « La santé à l’heure de l’intelligence artificielle », 5 décembre 2017 – tnova.fr