AprĂšs la transparence en 2015, la vĂ©ritĂ© en 2016, le changement en 2017, lâĂ©dition 2018 du Graph Alpes, qui sâest dĂ©roulĂ©e du 22 au 24 mars, avait pour thĂ©matiqueâ: «âCommuniquerâ». Un sujet qui, somme toute, englobe les trois prĂ©cĂ©dentes Ă©ditionsâ! Pour Lucien Sfez(1), «âjamais dans lâhistoire du monde on nâa autant parlĂ© de communicationâ». Elle envahit en effet tous les champsâ: organisationnel, politique, mĂ©diatique, publicitaire, religieux, psychothĂ©rapique, scientifique, informatique⊠Afin dâapprĂ©hender toutes les dimensions dâun phĂ©nomĂšne aussi large, plusieurs intervenants de renom ont explorĂ© le sujet sous diffĂ©rents angles â philosophique, artistique, sociologique, marketing â, permettant de mieux comprendre les enjeux en la matiĂšre, dâanticiper les Ă©volutions et dâenrichir les pratiques quotidiennes. Et ce dans un contexte oĂč (bien) communiquer devient fondamental et ne se limite pas Ă la seule maĂźtrise des techniques et des outils de communication.Â
Communiquer⊠Dâun principe unificateur Ă une confrontation des rapports au monde  Issu du latin communicare, exprimant lâidĂ©e de partage, de rendre commun, le terme «âcommunicationâ» est apparu au XIVe siĂšcle dans la langue française. Il sâen est suivi une Ă©volution sĂ©mantique puisque cette idĂ©e de partage sâest peu Ă peu effacĂ©e au profit de celle de la transmission de messages par le biais de moyens (geste, oral, image, Ă©criture) et de supports (livre, tĂ©lĂ©phone, rĂ©seaux sociaux) de communication.  Dans les sociĂ©tĂ©s prĂ©modernes, chez les Grecs, comme le souligne Geoffroy Lavau(2), communiquer se conçoit comme un processus social de partage de ce qui est commun au sens dâune vĂ©ritĂ© qui nous dĂ©termine, nous rĂ©unit parce quâelle vient dâune transcendance, et non une vĂ©ritĂ© qui nous appartient au sens oĂč nous aurions Ă la construire. Paradoxalement, cette volontĂ© de construire un sens commun peut sâaccommoder avec la possibilitĂ© de mentir pour le bien du peuple. Il sâagit du rĂŽle des fables ou de la thĂ©orie du «ânoble mensongeâ», dont Platon dit quâil est «âun remĂšde utileâ» pour «âpersuader les ...