Numéro 644 - mars 2025dossier

Interview

Biais cognitifs et santé mentale

Biais cognitifs et santé mentale

Rencontre avec Gérald Bronner, professeur de sociologie à Sorbonne Université et membre de l’Académie nationale de médecine et de l’Académie des technologies, pour explorer l’évolution de la perception de la santé mentale. De la figure du « fou » à la place des « malades mentaux », comment les biais cognitifs hérités d’une époque pas si lointaine influencent-ils encore notre regard sur les troubles psychiatriques et ceux qui en souffrent ?

Vous avez beaucoup travaillé sur les biais cognitifs, ces schémas de pensée trompeurs et faussement logiques qui altèrent notre perception de la réalité. À votre sens, quels sont les biais dont pâtit aujourd’hui la santé mentale ? Il me semble que le biais principal peut être la conséquence d’une représentation ancienne d’un organe, le cerveau. Dans le sens commun, il est difficile de ne pas accorder une forme de statut d’extraterritorialité biologique à ce qui est pourtant un organe biologique, même si c’est un organe très spécifique. Ainsi, les maladies qui ont trait à cet organe sont considérées a priori par les représentations sociales comme ayant un statut d’extraterritorialité, ce qui ouvre la porte à tous les imaginaires, en réalité souvent extrêmement dépréciatifs. Par exemple, face à quelqu’un en état dépressif, beaucoup de gens sont tentés de dire : « Allez, remue-toi un peu ! » Comme si c’était une maladie qui dépendait de la seule volonté. Alors qu’on ne dirait pas à un cardiaque : « Contrôle ton cœur ! » Il y a donc déjà un a priori, négatif. Il en existe un autre, positif cette ...

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