Les curares constituent une famille de médicaments découverte au XVIe siècle par les Indiens d’Amérique du Sud. Il s’agissait pour eux d’un poison avec lequel ils enduisaient leurs flèches (1). L’objectif de notre travail a porté sur les curares non dépolarisants. En 2012, le service de pharmacie a élaboré une fiche de bon usage des curares non dépolarisants qui préconisait l’emploi de l’atracurium. En 2014, l’arrivée des génériques du Nimbex (cisatracurium) et les changements de marché ont entraîné une baisse importante du prix unitaire du cisatracurium, le prix unitaire de l’atracurium étant quant à lui resté stable. Le cisatracurium serait donc devenu plus avantageux économiquement. Nous avons souhaité évaluer les pratiques médicales en cas de recours à la curarisation en réanimation et avons tenté de comparer les rapports coût/efficacité de l’atracurium et du cisatracurium.
Il existe deux types de curare : les curares dépolarisants, représentés par le chlorure de suxaméthonium, sont des agonistes non compétitifs de l’acétyl choline et se lient notamment aux récepteurs nicotiniques à l’acétyl choline de la plaque motrice. La stimulation de ces récepteurs entraîne leur ouverture, ce qui est à l’origine d’une dépolarisation de la plaque motrice, justifiant ainsi la dénomination « curares dépolarisants ». Du fait d’une présence prolongée du curare dépolarisant dans la fente synaptique, il y a désensibilisation du récepteur et donc inexcitabilité de la fibre musculaire, ce qui provoque la paralysie (2). Cette molécule a un délai et une durée d’action brefs(3) ; les curares non dépolarisants sont des antagonistes compétitifs de l’acétyl choline. En effet, ils se lient aux récepteurs cholinergiques au niveau de la plaque motrice de la jonction neuro-musculaire (4). Ils empêchent l’ouverture des canaux cationiques et la dépolarisation du muscle (5) d’où leur nom de curares non dépolarisants. Ils permettent ainsi une paralysie des muscles en quelques minutes – de 1,5 à 4 minutes en ...