« Il suffit d’un livre pour se soustraire au réel qui nous assiège et retrouver aussitôt ce dont nous sommes aujourd’hui de plus en plus dépourvus : la lenteur. Les livres ont cette capacité inouïe à ralentir le temps, à diluer les heures en même temps qu’ils nous tiennent éloignés de l’ennui. La compagnie des autres peut nous être barbante. Celle des livres – des bons livres : jamais. »
Comment, avec de telles phrases – ciselées, pensées, travaillées – ne pas faire de François-Henri Désérable l’un des auteurs les plus cités de cette chronique (voir n° 627, juin 2023) ? Il m’arrive souvent de ne pas parler d’un livre aimé pour laisser la place à des auteurs et des maisons d’édition bénéficiant de moins de presse. Mais pour Chagrin d’un chant inachevé. Sur la route de Che Guevara, je ne peux pas. En suivant – à peu près – l’itinéraire des 2 G – Alberto Granado et Ernesto Guevara –, l’auteur nous instruit, se livre, au fil du tracé Argentine-Chili-Bolivie-Pérou-Colombie-Vénézuéla-Cuba. En citant Hippolyte Taine, « On voyage pour changer, non de lieu, mais d’idées », il réussit par ce récit à faire de nous un voyageur immobile. J’ai pu écrire que François-Henri Désérable avait une plume fluide, même si agaçante parfois. Ce qui est le plus beau dans la lecture régulière d’un auteur, c’est de voir ses « travers » disparaître. À la jeunesse qui devait prouver qu’il savait, se substitue l’écrivain conscient de son rôle de passeur, aimant faire découvrir des auteurs oubliés, tel ...
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