S’il est un texte qui s’est fait attendre dans le domaine des droits des personnes vulnĂ©rables c’est bien cette ordonnance(1) de « rĂ©ajustement » entre le code civil, clair depuis 2007(2) sur les droits des majeurs protĂ©gĂ©s, et le code de la santĂ© publique (CSP), restĂ© flou sur ce point, car inchangĂ© depuis la loi du 4 mars 2002 et laissĂ© sans explication sur son interprĂ©tation. Il s’agit donc de procĂ©der enfin, Ă un sĂ©rieux et juste dĂ©poussiĂ©rage du code de la santĂ© publique, mais aussi de celui de l’action sociale et des familles (CASF) devenus d’autant plus obsolètes dans leurs dispositions relatives aux majeurs protĂ©gĂ©s suite Ă la publication de deux textes essentiels : l’ordonnance de 2015(3) crĂ©ant le nouveau dispositif de l’habilitation familiale, et l’avis de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) sur le consentement des personnes vulnĂ©rables(4). Cela fait plus de dix ans que les professionnels de santĂ© sont dans un flou juridique très prĂ©judiciable concernant les patients majeurs protĂ©gĂ©s qu’ils prennent en charge : qui doit ĂŞtre informé ? Qui peut consentir aux soins ? Quand prĂ©venir le juge ? Trop souvent ils appliquent un principe de prĂ©caution en sursollicitant le protecteur et en nĂ©gligeant la volontĂ© du patient. D’autant que cette mise en cohĂ©rence entre le CSP et le code civil aurait pu s’effectuer depuis longtemps, si ce n’est dans le sillage de la loi de 2007(5), du moins suite Ă la loi du 26 janvier 2016(6). Â
C’est donc la réforme de la justice portée par la loi 23 mars 2019(7) qui, orchestrant de nombreuses modifications, améliorations et précisions quant aux capacités juridiques des majeurs protégés (notamment par une « tutelle » ou mesure équivalente), a justement abouti à la rédaction de cette ordonnance. Si celle-ci entrera en vigueur à une date fixée par décret en Conseil d’État et au plus tard le 1er octobre 2020, lequel doit aussi adapter la partie réglementaire des deux codes(8), il est nécessaire de connaître d’ores et déjà le dispositif afin de s’en imprégner et de l’appliquer dès qu’il sera devenu obligatoire. Mais pour bien des textes avec une date d’application différée, ce type de précaution a souvent été inefficace(9). En termes de mise en œuvre, l’ordonnance s’applique aux mesures de protection juridique en cours au jour de son entrée en vigueur et aux actes médicaux ou médico-sociaux pour lesquels aucune décision n’a été prise au jour de son entrée en vigueur. Les objectifs de l’ordonnance Prise par le gouvernement sur le fondement de l’article 9-IV(10) de la loi du 23 mars 2019, ...
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