Numéro 646 - mai 2025 dossier

pratiques

Le soin et son au-delà

Rites religieux dans les salles mortuaires hospitalières

La mort, bien que médicalisée et institutionnalisée, demeure un moment profondément humain, traversé de croyances, de rites et de silences.
À l’hôpital, les pratiques religieuses autour du corps du défunt interrogent le rôle des soignants, la place des familles et la capacité des établissements à accueillir la diversité des rites funéraires. Les auteurs rapportent ici ce qui subsiste du soin dans l’après-coup de la mort à travers l’exemple des rituels religieux dans les salles mortuaires hospitalières.

Dans un arrêt du 22 décembre 2020 (Escolano et alii), le Conseil d’État, en pleine crise pandémique, se penche sur le décret du 1er avril 2020 prescrivant, en cas de décès avéré ou suspecté lié au Covid-19, une mise en bière immédiate sans toilette mortuaire, soins de conservation et présentation du corps aux proches, et ce pour prévenir une propagation post-mortem du virus. Les requérants déploraient l’impossibilité pour les familles de faire leur deuil. Le juge administratif, après dix mois d’application de la mesure, concède sur un fondement surprenant pour les observateurs (1) : ce n’est pas tant l’atteinte à la dignité des personnes décédées qui justifie l’annulation du décret qu’une atteinte disproportionnée au droit à la vie privée et familiale des vivants, incluant la possibilité de délivrer un dernier hommage au défunt. Cette atteinte apparaît intolérable au juge, mettant en exergue la persistance d’une équivoque dans un contexte de disparition des rituels (2). Cet intolérable relève-t-il seulement d’un orgueil des vivants désireux de pouvoir graver dans leur mémoire une dernière image du défunt, prenant ...

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