Les jours qui précèdent la rédaction de cette chronique, je souffre d’un léger dédoublement de personnalité. Je suis pour un temps le Jim Quilleran* des romans de Lillian Jackson Braun. Non que ce feuillet soit comparable à celui de Quill dans Quelque chose dans le comté de Moose (le sien est très attendu), mais la question perpétuelle du choix du contenu est le même. Et empreint d’hésitation jusqu’à la dernière minute. Alors, pour cette première sélection de l’année, le choix n’est pas uniquement centré sur l’actualité, car je n’aime pas dire du mal des livres qui ne m’ont pas vraiment plu, je préfère partager des découvertes de textes plus anciens.
La mort moderne Carl-Henning Wijkmark Dans les années 70, le groupe de travail sur la phase terminale de l’être humain (PTEH) se réunit en Suède pour discuter du vieillissement de la population et envisage de légiférer sur une date limite de vie de 70 ans. Ce texte, ce sont les actes du colloque où, pétris de certitudes, les élites envisagent l’acceptabilité pour la population d’une valeur économique de l’être humain. Les femmes et les hommes, à l’heure de l’inactivité, devraient d’eux-mêmes admettre que leur présence terrestre n’a plus d’utilité. Ce qui est effrayant, c’est que la conférence de l’opinion contraire, dénonçant sans retenue cette vision du monde, n’a pas pour effet de dissuader (ni même ne serait-ce que d’interroger) ses inventeurs de son abjection, mais uniquement de les convaincre que le temps sera long pour que la population soit convaincue de sa nécessité. Un grand texte sur les dangers de l’absence de doute dans le domaine de l’esprit. Rivages, 2020, 176 pages, 18 € Ceux qui appartiennent au jour Emma Doute Van Troostrijk Ce premier roman d’Emma Doude Van Troostwijk est dans la droite ligne ...
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