Depuis le XVIIIe siècle, l’organisation des dispositifs de soins français s’est structurée autour de la dichotomie soma/psyché. Le manque de perméabilité entre les dispositifs tire probablement ses racines entre une conception curative de la santé physique (somatique) visant le rétablissement du malade dans son corps et son environnement et une vision hygiéniste de la santé mentale, garantissant la protection de la société par l’isolement des débords comportementaux et émotionnels des malades mentaux considérés comme incurables. La politique de sectorisation de la psychiatrie s’inscrit pleinement dans la philosophie sociétale portée par le Conseil national de la résistance, animée par la volonté de réduire les inégalités face aux risques méd­ico-psychosociaux. Le découpage de l’ensemble du territoire national en secteurs garantit à chacun un égal accès aux dispositifs de soins spécialisés. Ainsi la politique de sectorisation s’inscrit pleinement dans la pensée aliéniste qui fonde la psychiatrie moderne, incarnée par Philippe Pinel qui a libéré les aliénés de leurs chaînes, Henry Ey qui a posé les fondements de la psychiatrie ...