Dans une note transmise au gouvernement, et publiée sur le site des Échos en mai 2022(1), le directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, fait des propositions pour une refondation de l’hôpital public. L’une d’elles a particulièrement agacé les directeurs des soins(2) puisqu’il proposait de réduire leur rôle à une simple fonction de conseiller du DRH. Pourtant, dans les établissements hospitaliers, les centres de formation des professionnels paramédicaux et les agences régionales de santé, les directeurs des soins ont démontré leur place incontournable, notamment grâce à leur expertise soignante, en défendant la qualité des soins et le développement des compétences professionnelles de l’ensemble des paramédicaux. Occupant une réelle place au sein des équipes de direction, ils ne sont toujours pas considérés statutairement comme des directeurs adjoints et se heurtent depuis des années à un plafond de verre. Une situation qui trouve ses origines sur une considération ancienne et ancrée au cœur de l’histoire des soins et de l’évolution de la profession infirmière. L’auteur examine ici comment s’est construite cette fonction et quels freins elle a rencontrés, comment elle a dû s’adapter aux réformes et quelles défenses elle a adoptées pour pouvoir offrir aux soins la place institutionnelle qu’ils méritent.
1870-1930 Prémices d’une direction des soins et d’encadrement soignant L’idée de créer une hiérarchie infirmière autour d’une formation primitive d’encadrement(3) et de direction prend naissance avec l’institutionnalisation de la fonction infirmière. En effet, dès 1870, lors de la création des premières écoles d’infirmières à Paris par le Dr Désirée Magloire Bourneville(4), ce dernier souhaite créer une formation de deuxième niveau, dite « de perfectionnement », pour permettre aux infirmières formées d’acquérir des compétences médicales plus importantes et des connaissances d’organisation hospitalière. Une forme d’ascenseur social basé sur un principe républicain de promotion professionnelle puisque ces écoles s’adressent à des personnes modestes souvent sans instruction. En 1881, Bourneville a l’idée d’adjoindre à l’école de la Salpêtrière (la première école d’infirmière connue en France) une école plus médicalisée, la Pitié, qu’il présente comme une école de perfectionnement destinée à une élite, que ce soit pour l’encadrement ou pour les soins : « Il est nécessaire que dans la mesure la ...
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