La boulimie est abordĂ©e ici comme traitement mais aussi comme « cure » paradoxale, spĂ©cifiquement chez les femmes, dans ses rapports avec la honte et une certaine fragilitĂ© de la subjectivitĂ©. Il s’agira d’articuler la honte liĂ©e Ă des Ă©vĂ©nements sexuels singuliers Ă la rĂ©ponse boulimique – cure honteuse d’une honte de fille, comme l’appelle Annie Ernaux – en interrogeant l’enjeu pulsionnel pour certains sujets et plus particulièrement le troisième temps du basculement pulsionnel(1).Â
« Il y a des êtres qui sont submergés par la réalité des autres, leur façon de parler, de croiser les jambes, d’allumer une cigarette. Englués dans la présence des autres. Un jour, plutôt une nuit, ils sont emportés dans le désir et la volonté d’un seul Autre. Ce qu’ils pensaient être s’évanouit. Ils se dissolvent et regardent leur reflet agir, obéir, emporté dans le cours inconnu des choses. Ils sont toujours en retard sur la volonté de l’Autre. Elle a toujours un temps d’avance. Ils ne la rattrapent jamais. Ni soumission ni consentement, seulement l’effarement du réel qui fait tout juste se dire “qu’est-ce qui m’arrive” ou “c’est à moi que ça arrive” sauf qu’il n’y a plus de moi en cette circonstance, ou ce n’est plus le même déjà . Il n’y a plus que l’Autre, maître de la situation, des gestes, du moment qui suit, qu’il est seul à connaître. Puis l’Autre s’en va, vous avez cessé de lui plaire, il ne vous trouve plus d’intérêt. Il vous abandonne avec le réel, par exemple une culotte souillée. »  Annie Ernaux, Mémoire de fille Hontes de « filles » Elle a 20 ans. Ou 30. Peut-être 40, ...
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