Avons-nous réellement perdu le sens de l’orientation dans le monde de la santé ? Est-il encore possible de prédire ce qui va nous arriver ? Dans un monde occidental décrit comme volatil, incertain, complexe et ambigu, il n’est pas si simple d’avancer pour les responsables en quête perpétuelle de la bonne direction, ou encore de mener à bien ses missions dans les services de soins.
Cette instabilité nouvelle viendrait remplacer une idyllique période de grande stabilité, aux solidarités durables, aux valeurs simples et partagées par tous. Pour sortir du labyrinthe, le marché lucratif des spécialistes de l’incompréhension propose ses explications, du sempiternel conflit de génération à la fameuse, mais non constatée, « grande démission ». L’épuisement physique serait surtout l’épuisement du sens au travail. Ce qui évite de remettre en cause nos modes de production. Il est par ailleurs tout à fait probable que nous éprouvions une joie mauvaise à nous sentir perdus, à nous en plaindre bruyamment, puis à attendre l’apparition de quelques hommes ou femmes providentiels qui viendraient résoudre tous nos problèmes quotidiens. Une illusion presque politique.Â
Le dossier que nous vous proposons ici affirme que l’absurde n’est pas nouveau, qu’il est consubstantiel à toute activité humaine. Et que c’est peut-être la parfaite exécution des choses, infiniment et selon des plans déterminés, qui est un non-sens. Les auteurs ont essayé de faire preuve de bon sens, d’absurde, ou ont mené des pratiques de réflexion pour approcher ce qui nous semble évident : il n’y a pas de sens absolu, véritable, si ce n’est celui que nous voulons donner à notre engagement collectif pour les patients. Et nous sommes convaincus, en matière de santé, qu’il ne faut pas vraiment aller dans le sens… du vent !Â
Bel été aux lectrices et lecteurs de Gestions hospitalières !
Frédéric Spinhirny
Rédacteur en chef