Les principales questions qui mobilisent aujourd’hui les auteurs qui contribuent Ă Gestions hospitalières portent sur les patients et les territoires. Leur montĂ©e en puissance qu’avait dĂ©jĂ illustrĂ©e, en l’intĂ©grant jusque dans son intitulĂ©, la loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 portant rĂ©forme de l’hĂ´pital et relative aux patients, Ă la santĂ© et aux territoires, est confortĂ©e par la volontĂ© affichĂ©e d’associer les patients, l’apport des technologies numĂ©riques, la revendication accrue de reconnaissance des territoires. Objectifs de qualitĂ©, d’équitĂ© dans l’accessibilitĂ© et de coordination des professionnels de santĂ© doivent rĂ©pondre Ă ces attentes fortes Ă un moment oĂą l’accès Ă un mĂ©decin traitant n’est plus totalement garanti, oĂą les services d’urgence des hĂ´pitaux sont saturĂ©s et Ă©puisĂ©s, oĂą les professionnels sont confrontĂ©s Ă une remise en cause des pratiques et des mĂ©tiers…Â
Dans les territoires, après la mise en place des 135 groupements hospitaliers publics (GHT), voici qu’apparaissent les communautĂ©s professionnelles territoriales de santĂ© (CPTS), Ă©galement issues de la loi n° 2016-41 du 26  janvier 2016, dite « de modernisation de notre système de santé », fruit de l’initiative de professionnels de santĂ©, organisĂ©es en Ă©quipes de soins primaires. Leur objectif est de concourir Ă l’amĂ©lioration de la prise en charge des patients dans un souci de continuitĂ©, de cohĂ©rence, de qualitĂ© et de sĂ©curitĂ© des services de santĂ©, par une meilleure coordination des acteurs qui la composent. Le dĂ©ploiement de 1 000 CPTS pour mailler le territoire national Ă l’horizon 2022 est une des dix mesures phares de la stratĂ©gie de transformation du système de santĂ© « Ma santĂ©Â 2022 », qui prĂ©voit en outre la labellisation de 500 Ă 600 hĂ´pitaux de proximitĂ© Ă l’échĂ©ance de 2022, conformĂ©ment aux objectifs dĂ©finis par le prĂ©sident de la RĂ©publique le 18 septembre 2018.Â
Lors de son audition devant la commission de l’amĂ©nagement du territoire et dĂ©veloppement durable du SĂ©nat le 21 mai 2019, la ministre des SolidaritĂ©s et de la SantĂ© prĂ©sentait une stratĂ©gie visant en outre Ă libĂ©rer du temps mĂ©dical, Ă dĂ©cloisonner les professionnels et Ă sortir de l’installation isolĂ©e.Â
Cependant, la question sensible de la rĂ©gulation de l’installation des mĂ©decins sur le territoire fait toujours l’objet de grandes prĂ©cautions sĂ©mantiques, la suppression du numerus clausus instaurĂ© en 1971, de la première annĂ©e commune aux Ă©tudes de santĂ© et des Ă©preuves classantes nationales devant, Ă terme, avec la crĂ©ation et le dĂ©ploiement de 400 postes mĂ©dicaux salariĂ©s, dynamiser la dĂ©mographie mĂ©dicale.Â
Au-delà de l’accessibilité sont attendues une meilleure personnalisation des parcours et une rémunération progressivement fondée sur la pertinence et la qualité, garantes de l’efficience du système de santé et de la confiance des patients comme des professionnels. La publication de l’arrêté du 18 juin 2019, fixant les modalités de calcul du montant de la dotation allouée aux établissements de santé (art. L. 162-23-15 du code de la santé publique), la liste des indicateurs obligatoires pour l’amélioration de la qualité et de la sécurité des soins et les conditions de mise à disposition du public de certains résultats par l’établissement de santé s’inscrivent dans cette démarche. C’est aussi en faisant avancer la santé numérique que des réponses seront apportées aux attentes légitimes de transformation de l’offre de santé.
Jean-Michel Budet
Directeur de la publication