Ou « le financement du système de santé toujours en chantier ». C’est également le titre qui aurait pu être donné à ce dossier tant la question de sa réforme est récurrente !
À partir du courant de l’année 2018, elle s’est même affirmée comme un des grands thèmes du débat sur l’avenir du système de santé. Il est vrai que la Stratégie nationale de santé 2018-2022 invite à en aménager le financement afin qu’il soit davantage en cohérence avec les nouvelles orientations. À telle enseigne qu’anticipant les conclusions du rapport Aubert*, le gouvernement a d’ores et déjà introduit des dispositions dans ce sens dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2019.
Sans aucun doute serait-il illusoire de voir dans ce mouvement de réforme un « halo magique » face à l’ampleur des défis à surmonter. Il se rapporte à un sujet complexe aux multiples ramifications et, de surcroît, susceptible d’exposer à de nombreuses pierres d’achoppement. Loin d’être circonscrit à un simple sujet technique, le modèle de financement du système de santé relève plus fondamentalement de choix politiques et stratégiques. N’est-ce pas d’ailleurs un des leviers clés de la modernisation du système de santé, tant dans le champ hospitalier que dans celui de la médecine de ville ?
Cet angle d’approche du financement du système de santé est précisément celui choisi par Julie Delaitre et Marielle Boissart, respectivement élève directrice d’hôpital et élève directrice des soins, en leur qualité de coordonnatrices de ce dossier.
S’il consacre bien entendu des développements au financement de l’offre de soins, ce dossier s’attache aussi, ce qui est plus rare, à faire le lien avec un autre volet du système de santé, celui de l’assurance maladie, dont les prestations financent 77 % des soins et biens médicaux. Corollaire de ce financement socialisé, ce dossier comporte différents focus sur la régulation du système de santé, en vue de s’interroger sur les meilleures façons de faire un bon usage des fonds publics. La rénovation de la régulation s’y trouve ainsi appréhendée à la fois aux prismes de la soutenabilité financière et de l’adéquation de la réponse collective aux besoins de santé.
Une autre caractéristique originale de ce dossier tient à la diversité des points de vue exprimés. Il rassemble, certes, des contributions d’universitaires et d’experts, destinées à rendre intelligibles les dynamiques du financement du système de santé, mais il fait également une large place aux regards de professionnels de santé. Le plus souvent innovantes et ayant l’intérêt de s’appuyer sur leurs expériences, les contributions des représentants du secteur hospitalier, qu’il s’agisse de dirigeants ou de cadres formateurs, illustrent ainsi de manière éclairante toute l’importance de la micro-régulation des activités de santé.
Se présentant sous la forme d’un kaléidoscope d’idées et de réflexions, ce dossier rassemble une grande diversité de contenus. Pour autant, il constitue un ensemble cohérent de contributions à même d’enrichir le débat public sur le financement du système de santé, comme vous pourrez le découvrir dans les pages suivantes.
Gilles Huteau
Professeur, École des hautes études en santé publique (EHESP)
* « Réformes des modes de financement et de régulation ». Voir analyse page 122.