Numéro 625 - avril 2023dossier

philosophie

Bonnes et mauvaises fatigues des soignants

Bonnes et mauvaises fatigues des soignants

La fatigue fait partie de la condition humaine. Elle a de bien diverses couleurs, puisqu’il est de bonnes fatigues (légères, printanières) et de mauvaises (lourdes, hivernales). Pourquoi le monde soignant en connaît-il de nos jours de si mauvaises ? Puisse ce texte, espère Eric Fiat, qui émet ici quelques hypothèses à ce sujet, ne pas être d’une lecture trop fatigante !

Combien l’humanité serait plus heureuse si, au lieu de considérer le travail comme la rançon de l’existence, elle le considérait comme le dû », disait bellement Rodin(1), ajoutant qu’il aimait tellement son métier qu’il aurait volontiers payé pour avoir le droit de sculpter. Soit, mais considérer le travail comme un dû n’est possible que si, n’en déplaise à l’origine étymologique du mot qui voudrait qu’il fût une « torture »(2), il est possible d’aimer son travail. Or, la chose dans le monde soignant me semble aujourd’hui devenue plus rare que jadis. Sur quoi fonder cette impression ? Sur l’écoute récente de mes étudiants soignants, engagés en formation continue dans l’aventure d’un master de philosophie, soutenant leur mémoire, où il me sembla que dans leurs propos revenait, à la façon d’une basse continue, cette plainte : « Il m’est de plus en plus difficile d’aimer mon travail. » Or, qui aime son travail court la chance d’y ressentir de bonnes fatigues ; qui peine à le faire court le risque d’y connaître plutôt de mauvaises fatigues. La première hypothèse que je soumettrai ici à la critique ...

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