Dans ce récit autobiographique, la comédienne Sophie Daull narre la tragédie de la mort prématurée de sa fille Camille, foudroyée à 16 ans par une infection d’origine bactérienne. S’il commence par le récit minutieux assez bref d’une disparition soudaine, incompréhensible, inacceptable, dans la froideur des annonces effectuées à l’hôpital par nécessité, le livre se poursuit par la narration pointilliste de la survie d’un couple minute par minute. Comment fait-on lorsque c’est Noël, que l’on perd sa fille comme une pierre qui tombe en faisant des ronds dans l’eau, un trou dans une surface d’huile ? S’il est d’usage de dire qu’il n’est pas de mot pour symboliser une telle douleur, Sophie Daull arrive, par contournements, gouttelettes d’émotions suspendues comme des balles de gravitation, à nous faire entendre ce qu’il en est de cet indicible.
La beauté de ce texte, le travail de haute couture effectué dans la découpe des mots, touchent le lecteur au plus profond. Jamais de pathos, de complaisance, d’exhibitionnisme. Pas d’effet de manche, pas de renflement du tableau, pas de boursouflure de l’évocation. Sophie Daull ne choque pas, n’accuse pas ; l’auteur se laisse juste traverser par la douleur. Cette pique, l’estoc par lesquels les proches sont traversés nous paraissent palpables, ils sont là . Or reste cette question sans réponse, inévitable, insondable : comment une bactérie tue-t-elle si vite, ici, à Paris, une jeune fille ?
Oui, ce livre il faut le lire : c’est un témoignage qui permet un magnifique travail émotionnel. Ce livre, il faut le faire lire aux étudiants, l’offrir , le distribuer. C’est un livre qui fait grandir. – Marie Bonnet
Infos Livre de poche, 7 €

