Numéro 634 - mars 2024réflexion

analyse

L’hôpital géré par en bas, une utopie ?

L’hôpital géré par en bas, une utopie ?

Les défis sanitaires sont tels aujourd’hui qu’il faut que la population s’en empare davantage, salariés et patients compris. C’est ce que l’on nomme parfois la « gouvernance par en bas », et c’est aussi la leçon tirée des expériences sanitaires sur le plan mondial : comment mieux impliquer les populations dans la gestion sanitaire ?

Notre conviction commune repose sur un constat : les mesures prises par les pouvoirs publics depuis des décennies ont abouti à une baisse de la qualité des soins par la fermeture de lits et d’établissements, le tassement des revenus et des effectifs soignants, la détérioration des conditions de travail à l’hôpital, la fuite des médecins et des infirmiers les plus qualifiés, dans le privé ou ailleurs. Si l’on n’y prend garde, on pourrait voir se creuser le fossé entre une médecine pour les riches et une autre pour les pauvres. Ce n’est pas tout à fait inactuel. Le 14 novembre 2023, devant un parterre de directeurs hospitaliers, le ministre de la Santé a encore défendu la fermeture de lits. Et d’ajouter, aimablement : « La prime Ségur n’a pas été budgétée, il va falloir vous la manger ! » (entretien avec un directeur présent). À la charge des directeurs, donc, la prime. Un cynisme possible seulement à huis clos. Si le ministre devait défendre publiquement la fermeture des lits, il aurait plus de mal. Alors, comment faire sans baguette magique ? Il faut ouvrir une réflexion sur les pistes de démocratisation de l’hôpital, ...

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