Numéro 579 - octobre 2018dossier

société

L’hôpital bashing

L’hôpital bashing

Des réalités aux caricatures, de la dramatisation à l’instrumentalisation, de la compassion à la violence

Seuls les ermites ont pu échapper à la déferlante prétendument compassionnelle touchant les hôpitaux depuis de nombreux mois, voire années : malaise des soignants, manque de moyens, souffrance des personnels, burn-out généralisé, maltraitance institutionnelle, file des brancards aux urgences, sous-financement de la santé, gouvernance impossible, quand elle n’est pas qualifiée d’autoritaire, voire de tyrannique ! C’est à se demander si quelque chose fonctionne bien dans ce système qui semble, à entendre ses Cassandre, tourner à vide et devenir fou, s’il existe au moins un médecin, un soignant – voire un directeur – heureux de l’être ! Il y a là de toute évidence un goût morbide du sensationnalisme pour une partie du système médiatique, dont l’intérêt, au moins économique à court terme, est de braquer les projecteurs sur les difficultés, carences et incohérences du monde hospitalier. Et ce dernier, à l’instar de tous les milieux professionnels, n’en manque pas…

Les missions de service public, auxquelles les hospitaliers doivent répondre 24 h/24, 7 jours/7 et 365 jours par an, sont lourdes et génèrent pour les personnels concernés des contraintes extrêmement fortes, pesant par ricochet sur la vie privée : plannings irréguliers, repos ou congés reportés, parfois en dernière minute, rotations jour/nuit, changements d’équipe… Les contraintes financières sont très – trop – serrées, restreignant parfois jusqu’à l’usure les moyens humains et matériels. La pénurie de professionnels qualifiés, médecins en tête, rend instables, voire incertaines ou aléatoires, certaines activités, occasionnant souvent un recours à l’intérim largement inadéquat en termes de qualité de service et absolument insupportable en termes de coût, non seulement en lui-même mais au vu des injustices salariales que cela génère vis-à-vis des personnels titulaires. La carence de la médecine de ville engorge de manière inappropriée les urgences, complexifiant jusqu’à l’absurde le placement des malades en aval alors même que des restructurations quantitatives (réorganisations et/ou fermetures de services et de ...

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