Numéro 569 - octobre 2017réflexion

réanimation pédiatrique

La fonction d’altérance et le soutien aux soignants

La fonction d’altérance et le soutien aux soignants

Les services de réanimation pédiatrique accueillent des enfants âgés de quelques jours jusqu’à l’adolescence, en détresse vitale. Les pathologies sont toujours complexes, qu’elles soient aiguës ou chroniques. La sophistication des savoirs médicaux, l’exigence intellectuelle requise lors des staffs, la haute précision des soins infirmiers et de la surveillance paramédicale sont des nécessités permanentes. À tout cela s’ajoutent la fréquence des décisions éthiques de limitation et arrêt de traitement (LAT) dans le cadre de la loi Leonetti, la mise en place de soins palliatifs et l’accompagnement de l’enfant et de sa famille lors de la fin de vie. Parce que les soignants (tous les professionnels du soin intervenant au lit de l’enfant) sont de plus en plus impliqués dans les décisions éthiques, parce qu’ils sont présents au quotidien auprès des parents, ils sont soumis à des mouvements émotionnels permanents. Comment nommer ces effets, mélange de stress, d’intense humanité, de protection personnelle, de responsabilité, d’empathie et de juste distance ? L’auteur propose le terme « fonction d’altérance » et donne des pistes de réflexion pour soutenir ces équipes de l’extrême.

En réanimation, le patient est dans le plus absolu dénuement : corps offert aux soins, conscience diminuée par la sédation, mise en coma. Fragilité, états agonistiques, vies suspendues à des machines de plus en plus performantes et sophistiquées (circulation extracorporelle, dialyses péritonéales, cœur extériorisé, etc.). Cette extrême dépendance de l’enfant aux machines et aux soignants crée chez chaque professionnel une obligation, au sens camusien. L’enfant nous oblige. Mais cette obligation de prendre soin d’un autre si fragile, si menacé, sur lequel nous avons tout pouvoir, de même que l’on est saisi par l’immense dépendance et fragilité du nouveau-né, son absolue dépendance alliée au risque permanent de décompensation et de mort, au moindre risque d’erreur, cette obligation donc crée un climat très particulier pour les soignants. Cette dépendance vitale de l’enfant met en jeu la technicité, le savoir-faire, mais également le savoir-être du soignant. En effet, le lien à l’enfant et à sa famille est permanent, avec une exigence de retenue, de délicatesse, de mise en mots et de soutien psychologique. Les situations de ...

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