Numéro 526 - mai 2013(dossier)

L’hôpital numérique

Temps de lecture : 2 minutes

Hygie et Panacée… au cœur des interférences économie/santé

La bonne santé de l’économie constitue un facteur clé de l’amélioration de la santé de la population. Le séminaire organisé conjointement par le centre hospitalier de l’université de Montréal, HEC Montréal et Gestions hospitalières les 10 et 11 juin traitera de l’évolution du modèle économique de référence et de la création de richesse, notamment du coût de la santé et de sa valorisation économique. Les articles de ce numéro font une large place au développement de l’e.santé, vécu à la fois comme une opportunité de développement économique et une réponse à la désertification de certains territoires et à la progression des pathologies chroniques de populations vieillissantes(1).

La rubrique « Actualités » confirme l’urgence d’une révision du système de tarification à l’activité dix ans après sa mise en œuvre. Après le rapport sénatorial « Refonder la tarification hospitalière au service du patient » de juillet 2012, les publications se multiplient, montrant les limites d’un outil complexe, inflationniste, porteur d’iniquité et déconnecté des notions essentielles d’utilité, de qualité et de pertinence des actes sous le couvert de la performance et de la convergence tarifaire. L’actualité internationale est marquée par le projecteur porté sur les questions d’accessibilité sociale et physique de la population aux soins pendant que de nombreux articles documentent l’impact de la crise économique sur la santé et que d’autres auteurs soulignent la nécessité d’une meilleure prise en compte des conséquences des pathologies sociales et démographiques sur les économies, qu’il s’agisse des risques psychosociaux pour les entreprises ou des maladies neurodégénératives.

La France accueille des médecins roumains, le Brésil massivement des médecins cubains pour ses territoires excentrés, le Portugal, l’Espagne, la Grèce connaissent des situations susceptibles de remettre en cause durablement leur sécurité sanitaire… Pour la première fois depuis 1975, les dépenses de santé ont reculé en Europe. Un rapport de l’OCDE, publié en novembre 2012, pointe ainsi l’impact sanitaire de la crise économique qui souffle sur le vieux continent. Une étude de l’American Journal of Public Health vient de le rappeler en tentant d’établir un lien entre crise économique, contraction des dépenses de santé, augmentation du taux de suicides et des décès dus aux maladies infectieuses, rejoignant ainsi les conclusions des experts de l’OMS réunis à Oslo les 18 et 19 avril 2013 et celles du 13e Forum pour le partenariat avec l’Afrique du 25 janvier 2010. Selon les dernières statistiques de l’Observatoire de l’emploi public, 4 717 généralistes sont désor­mais au chômage en Espagne, un chiffre en hausse de 42 % sur un an. Et déjà plus de 2 400 ont quitté le pays en 2012 pour s’établir, pour la moitié d’entre eux, au Royaume-Uni pendant que, en Grèce, se développent les « underground clinics » qui accueillent les patients grecs qui n’ont plus accès au système de santé (près de 40 % de la population n’a plus de couverture maladie et un droit d’entrée de 5 € a été instauré à l’hôpital).

Pendant ce temps, l’Amérique du Nord inscrit dans ses priorités la maîtrise des coûts des pathologies mentales, qu’il s’agisse des populations actives au Canada (2) ou des personnes âgées aux États-Unis. La démence, comme la maladie d’Alzheimer, coûte plus cher à la société américaine que le cancer ou les pathologies ­cardiovasculaires, conclut ainsi une étude financée par le National Institute on Aging publiée dans le New England Journal of ­Medicine du 3 avril 2013(3).

(1) Livre blanc du Snitem pour 2020
(2) http://affaires.lapresse.ca
(3) www.nia.nih.gov