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Numéro 553 - février 2016(dossier)

Le temps de travail médical : un tabou ?

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Complexe et évolutive, la relation des médecins avec leur temps de travail pourrait presque s’apparenter au registre du tabou. Dans Totem et Tabou, Freud définit le « tabou » comme quelque chose de sacré qui revêt un caractère inquiétant et dangereux.
Y aurait-il une sorte d’inhibition originelle pour un médecin à vouloir décompter son temps de travail ? Comme le résumait un président de CME il y a une dizaine d’années, « pour beaucoup de praticiens, la question du temps de travail des médecins paraît “surréaliste”, voire incongrue. Compter et décompter son temps de travail, l’organiser collectivement n’étaient pas, il y a encore peu de temps, des pratiques intégrées dans la culture des praticiens » (B. Balza, président de la CME du CH de Carcassonne). À l’hôpital, le sujet ne serait donc plus tabou. Beaucoup voient d’ailleurs en 2001 le point de rupture majeur avec la mise en œuvre de l’aménagement et de la réduction du temps de travail pour les praticiens hospitaliers. Il est désormais quotidien qu’un médecin évoque avec une direction l’application des règles sur le temps de travail additionnel, souhaite la mise en place d’astreintes, exige le respect du repos quotidien ou encore demande le relevé de son compte épargne-temps. Part non négligeable de leur paye, le décompte du temps de travail est devenu un enjeu pour les praticiens. Mais ça l’est également pour les directeurs d’hôpital, qui doivent concilier la nécessaire augmentation des recettes avec les contraintes en matière d’organisation des activités et en termes de recrutement, du fait de la pénurie d’effectifs dans certaines disciplines. Optimiser le temps médical exige la mise en œuvre de démarches qui tiennent compte non seulement de la qualité et de la sécurité des soins, mais aussi de la nécessaire adéquation activité du service/ressources médicales. Les directeurs d’hôpital prêtent une attention particulière à ce sujet afin d’allouer les bonnes ressources aux bons endroits, s’adaptant à l’activité et garantissant les conditions de travail des praticiens. Et leurs responsabilités vont s’accroître dans ce domaine, notamment dans le contexte de certification des comptes qui conduira au contrôle des éléments variables de paye ou encore à l’examen de procédures en matière de permanence des soins. Les responsables médicaux sont ainsi désormais amenés à établir l’organisation prévisionnelle de l’activité clinique et non clinique des praticiens. Cela doit s’effectuer dans un souci de cohérence entre les organisations individuelles des praticiens et l’organisation globale des services. Ils doivent, en outre, anticiper les ressources nécessaires au bon fonctionnement du service et clarifier le temps alloué aux activités de chacun en toute équité. Ce dossier aborde une partie de ces enjeux : analyse des dispositions juridiques sur le temps de travail médical, mise en place d’outils informatisés pour le gérer et l’organiser, le temps de travail des internes, asynchronisation des temps médicaux et non médicaux…