Numéro 500 - novembre 2010dossier

Administrateur/soignant

L’éternel retour du mythe de l’unité perdue

L’éternel retour du mythe de l’unité perdue

Les discussions qui ont accompagné le vote de la loi Hôpital, patients, santé, territoires en 2009 ont fait réapparaître aux yeux des professionnels de santé l’inévitable serpent de mer de toutes les réformes hospitalières : qui décide à l’hôpital ? Le directeur ou le médecin ? L’administrateur ou le soignant ? Cette quête sans fin où se mêlent des enjeux de pouvoirs et de légitimité ressemble à celle des amants du mythe d’Aristophane qui se rencontrent éternellement afin de retrouver, en vain, l’union parfaite des origines. À l’instar du mythe, donc, nous serions obsédés par l’existence d’une unité parfaite mais brisée au fil de l’histoire par des dieux froids (l’État, la nouvelle gouvernance, le corporatisme, le mandarinat) qu’il s’agirait de rechercher à chaque nouvelle réforme. En cinquante ans, « Gestions hospitalières » s’est fait l’écho des divers questionnements des professionnels de santé sur la place des médecins au sein de l’équipe de direction et sur celle des directeurs dans la décision médicale : de nombreux articles relatent les nécessaires rapprochements du gestionnaire et du soignant, les relations de pouvoir tissées au gré des instances hospitalières, mais aussi la question d’un troisième homme à même, peut-être, d’assumer une gouvernance managériale et médicale au service du patient et de la qualité du système de santé. mots clés Hôpital Pouvoir Analyse Pôle Concept Évolution Chef de pôle Directeur d’hôpital Médecin hospitalier Relation de pouvoir Pouvoir de décision Relation médecin/directeur Conseiller médical Nouvelle gouvernance hospitalière Littérature professionnelle Gestions hospitalières Cinquantenaire

Imaginons un anthropologue pénétrant l’enceinte d’un hôpital public… Tel Lévi-Strauss en 1939 chez les Nambikwara, au Brésil, il pourrait s’étonner de voir que le contrôle du pouvoir et de la légitimité de chaque acteur passe par d’étranges rites d’interaction : le directeur peut parler doctement des complications d’une infection nosocomiale ou des problèmes opératoires du bloc de chirurgie, le médecin peut discourir sur l’amortissement d’un scanner ou la cotation d’acte pour le PMSI… Mais quelle que soit l’approche théorique choisie, dans la pratique, « aucun système social n’est aussi erratique [que l’organisation hospitalière] dans le fonctionnement des relations de pouvoir. Directeurs, médecins, infirmiers, psychologues, kinésithérapeutes se rencontrent, s’opposent, s’attirent sans qu’aucune architecture légale fonctionne pour annihiler leurs différents » (G. Nizard, « Le pouvoir et les relations d’influence à l’hôpital », n° 316, mai 1992). Si les discours semblent pourtant se rapprocher dans des « zones grises » appartenant à tous les acteurs, il existe véritablement un partage des pouvoirs à ...

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